Brushing, permanente, bigoudis ou lissage, nous parvenons à dompter nos cheveux et à leur faire prendre la forme de notre choix. Comment ce phénomène est-il possible et comment ça marche ? On pourrait le comparer à un jeu de construction. Il y a plusieurs éléments, on les assemble en les unissant entre eux, on obtient une forme. Si cette forme ne nous plaît pas, on sépare les éléments, on les déplace, on les unit à nouveau, on obtient une autre forme. C’est dans le corps minuscule du cheveu, là où les éléments sont des molécules et les liens des liaisons chimiques que ce jeu a lieu :
Si le cheveu peut adopter une multitudes de formes, il le doit à la structure de la kératine qui le compose. Cette protéine est une longue chaîne d’acides aminés . Dans le cheveu, elle se présente sous forme d’une torsade de quatre chaînes alignées dans le sens de la longueur. Entre les atomes de ces chaînes, des liaisons chimiques s’établissent et assurent la cohésion de l’ensemble, donnant ainsi au cheveu sa forme naturelle. C’est en agissant sur ces liaisons plus ou moins résistantes qu’on modifie la forme du cheveu, d’une façon provisoire ou durable (permanente, défrisage).
Jouer avec les formes de ses cheveux provisoirement
Parmi ces liaisons, les moins solides sont les liaisons hydrogène, salines et hydrophobes. L’eau ou même l’humidité suffisent à les briser. Lorsque le cheveu sèche, elles se réinstallent selon l’emplacement qu’ont alors les chaînes de kératine. Or, en donnant une forme au cheveu mouillé, nous déplaçons légèrement ces chaînes. Les liaisons se rétablissent donc à d’autres emplacements, garantissant la tenue du cheveu dans la forme donnée.
Si, par exemple, nous nous couchons avec les cheveux mouillés, cette nouvelle forme est involontaire et la chevelure peut présenter un « mauvais pli ». Par contre, avec le brushing ou la mise en plis, nous maîtrisons le processus et nos cheveux, une fois secs, conserveront la forme désirée.
Dans les deux cas, cette modification est provisoire. La première raison en est logique : tout nouvel apport d’eau brisera les nouvelles liaisons. L’autre raison tient à la présence de liaisons plus solides qui redonneront peu à peu au cheveu sa forme initiale. Pour obtenir une modification durable de la chevelure, c’est sur ces autres liaisons qu’il faut agir.
Modifier les formes de ses cheveux durablement
Ces autres liaisons sont appelées « ponts », ce qui montre bien leur résistance. Ce sont les ponts disulfures. Ils mettent en jeu les éléments soufrés présents dans la kératine. Résistants à l’eau, ils nécessitent l’emploi de composés chimiques pour les rompre. Quand ils sont rompus, les chaînes de kératine peuvent être déplacées et le cheveu devient malléable. Il est alors possible de friser une chevelure jugée trop raide : c’est la permanente. A l’inverse, des cheveux estimés trop bouclés ou crépus pourront être rendus plus raides: c’est le défrisage. Le résultat est acquis d’une manière durable par l’utilisation d’un autre composé qui reconstitue les ponts disulfures selon la nouvelle disposition des chaînes de kératine, disposition responsable de la nouvelle forme de la chevelure.
– La permanente :
La rupture des ponts disulfures est assurée par réduction, au moyen d’un liquide de nature légèrement alcaline , appelé liquide frisant. Leur reconstitution s’opère par oxydation, sous l’action d’une solution acide d’eau oxygénée, le liquide fixant. La forme est donnée par les bigoudis et c’est de leur diamètre que dépendra l’aspect plus ou moins bouclé de la coiffure.
– Le défrisage :
Cette technique de réduction et d’oxydation est également utilisée pour défriser les chevelures bouclées ou frisées. Cependant, l’agent réducteur est ici incorporé dans un support épais : cela facilite le maintien des cheveux dans une forme raide pendant le temps nécessaire à la réduction.
Quant aux cheveux très frisés ou crépus, ils nécessitent l’usage de produits fortement alcalins, comme la soude ou la potasse. Afin de protéger le cuir chevelu, ils sont formulés dans des crèmes très grasses. Néanmoins, contrairement aux autres agents réducteurs, ils laisseront le cheveu fragilisé : ses propriétés d’élasticité seront irrémédiablement perdues.
[ En résumé ]
Avant un brushing, on se lave les cheveux : l’eau rompt les liaisons faibles. Mouillé, le cheveu plus élastique imprime le mouvement désiré. Puis, avec la chaleur du sèche-cheveux, ces liaisons faibles se reconstituent. Le mouvement est maintenu temporairement.
Dans le cas d’une permanente, on mouille, puis un agent chimique réducteur est ajouté pour casser les ponts disulfure forts. Les bigoudis se chargent d’imprimer la torsion voulue. L’ajout d’un agent oxydant se charge ensuite de reconstituer les ponts soufrés dans la nouvelle position. Enfin, en chauffant, les liaisons faibles sont reformées.
Dans le cas du lissage permanent ou du défrisage, on agit également sur les liaisons fortes mais l’action mécanique, inverse, consiste à lisser avec un peigne. Si ce n’est pas encore bien clair pour vous, le petit schéma explicatif ci-dessus décrit ces petits fonctionnements physiques et chimiques !
Techniques de mise en pli et mis en forme des cheveux d’hier à aujourd’hui :
Au fil du temps, ces modifications durables de la chevelure sont devenues des actes fréquents et d’exécution simple. Cela n’a pas toujours été le cas. Le bouclage des perruques d’autrefois, bien évidemment en vrais cheveux, était obtenu par enroulement des mèches sur des cylindres de terre cuite, trempage de trois heures dans l’eau bouillante, suivi d’une cuisson au four : le procédé s’appelait la « frisure infernale »!
Au début du XXème siècle, Nessler réussit pour la première fois à associer un produit chimique et une forte chaleur pour réaliser, sur tête, des ondulations résistantes.
L’opération était très longue et, souvent, le cuir chevelu subissait des brûlures alors que de nombreux cheveux se brisaient.
Certes l’invention était là, mais très vite se posa la question : à quoi bon une coiffure durable si la chevelure s’en retrouve abîmée ?
Au début du XX° siècle, un coiffeur d’origine allemande invente la première déformation permanente du cheveu (produits chimiques associés à la chaleur).
La technique évolue avec le temps. Dans les années 1930, apparaissent les permanentes sans chaleur et en 1940, celles à froid. Aujourd’hui, la permanente se réalise à température ambiante.
Côté accessoires, c’est en 1900 que l’on voit les premiers fers à friser. Puis, en 1930, les bigoudis chauffants font leur entrée. En 1980, le fer à friser est breveté.
Le temps de chauffe s’améliore et aujourd’hui, on peut même contrôler la température sur écran.
Depuis, ces perfectionnements n’ont jamais cessé.
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