Le cheveu est sans cesse victime d’agressions : l’eau, le soleil, la brosse, le peigne, les frottements en tous genres, tout est là pour lui porter préjudice.
Heureusement, la conception extraordinaire de son enveloppe extérieure, la cuticule, assure bonne garde.
Mais aussi solide soit-elle, il arrive qu’elle s’abîme…
Si la solidité du cheveu vient de la structure de son cortex, sa perméabilité et ses propriétés électriques, ainsi que sa brillance, sa douceur ou sa facilité de coiffage, sont en grande partie liées à l’état de sa cuticule.
Cette mince couche recouvrant toute la surface de la fibre a pour rôle de protéger la tige capillaire des dommages mécaniques et thermiques tout en lui permettant de puiser et de retenir l’hydratation dont le cheveu a besoin. La structure de la cuticule est un formidable travail de la nature car elle est à la fois forte mais aussi flexible, composé de multiples strates qui agissent comme un ciment protégeant le cortex intérieur du cheveu mais aussi capable d’être perméable ou poreux.
Elle est formée de cellules incolores, aplaties que l’on nomme écailles et qui se chevauchent à la façon des tuiles d’une toiture. Ces écailles sont maintenues jointes par un ciment riche en lipides (céramides).
Le cheveu pousse par sa racine au rythme moyen d’un centimètre par mois. L’extrémité d’un cheveu de 30 cm aura donc 30 mois : deux ans et demi d’agressions pendant lesquelles l’aspect de la cuticule aura bien changé. On parlera alors de cheveu « sensibilisé ».
En observant un cheveu dans sa longueur, depuis ce que l’on appelle sa racine jusqu’à son extrémité, on voit en quelque sorte le travail du temps. Aux abords de cette « racine », les écailles, toutes neuves, sont bien lisses et régulières, impeccablement jointes comme les ardoises d’une toiture. Plus on s’éloigne du cuir chevelu, plus elles apparaissent érodées.
Elles présentent d’abord des rayures et leurs bordures se déchiquettent. Ensuite, elles se soulèvent et se disjoignent. Certaines écailles disparaissent et, à l’extrémité du cheveu, elles peuvent être partiellement ou totalement absentes : le corps du cheveu est mis à nu.
Certes, les toitures d’ardoise anciennes ont souvent beaucoup de charme. Mais il n’en va pas de même pour le cheveu car l’usure de sa cuticule influe directement et logiquement sur bon nombre de ses qualités !
En effet, la brillance toute particulière du cheveu tient en grande partie au jeu de la lumière sur sa surface lisse et régulière, un jeu encore accentué par sa forme plus ou moins cylindrique. L’usure des écailles compromet l’homogénéité de cette surface et de cette forme : la réflexion de la lumière s’en trouve altérée et le cheveu devient terne.
D’autre part, le toucher étant un sens très développé, nous percevons, sans le savoir vraiment, l’état de ces fines écailles. Si elles sont en bon état, la chevelure nous semble douce. Des écailles abîmées la rendent rêche.
Les écailles disjointes d’un cheveu sensibilisé induisent encore un autre phénomène : en s’accrochant avec les écailles des cheveux voisins, elles provoquent l’emmêlement de la chevelure, emmêlement qui favorise ensuite l’apparition de noeuds qui se resserrent sur eux-mêmes lors du peignage. Ce décollement des écailles est cependant mis à profit dans la réalisation du crêpage : en peignant les cheveux de l’extrémité vers la racine, on force les écailles à se disjoindre et l’emmêlement qui en résulte assure la tenue de la coiffure crêpée.
Enfin, à l’extrémité du cheveu, la disparition fréquente de la cuticule livre le cortex lui-même au monde extérieur. Sans protection, il explose littéralement en se divisant en petites unités : ce sont les fourches.
Tous ces phénomènes correspondent à l’érosion naturelle du cheveu.
Le passage de l’eau accentue aussi cette érosion.
Les cosmétiques sont là pour aider le cheveu à se défendre. Ne recevant en effet aucune aide des tissus qui l’ont créé, il ne peut compter que sur des apports externes pour assurer sa protection. Cependant, les produits capillaires ont longtemps été de simples produits de beauté qui ne s’occupaient que de l’apparence superficielle des cheveux. Sous prétexte par exemple de les colorer, on les abîmait encore davantage. Ces temps sont (presque) révolus et désormais les marques (en particulier bio et naturelles) travaillent à l’innocuité et à la qualité de leurs produits en mettant l’accent sur le soin.
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