Par facilité de langage, on parle en général indifféremment de cheveu « sec » ou « déshydraté », comme deux synonymes. Or, les dermatologues font malgré tout une différence entre un cheveu naturellement sec et un cheveu temporairement déshydraté.
Par analogie avec la peau, on dit « qu’un cheveu sec est un cheveu qui manque de lipides (sébum) et qu’un cheveu déshydraté serait un cheveu qui manque d’eau« . Cette simplification n’est pas tout à fait exacte car dans les deux cas le cheveu est amené à manquer d’eau (interne). Par ailleurs, l’eau dans les cosmétiques n’est pas un principe actif. Essayons de mieux comprendre les mécanismes de l’un et l’autre état, leur(s) différence(s) et point(s) commun(s) :
– Dans le cas d’un cheveu sec, il s’agit d’un problème de sécheresse récurrent dont l’origine est endogène c’est à dire liée à la nature même du cheveu (héritage génétique ou vieillissement qui cause une diminution de la production de sébum…).
Un cheveu sec a un problème de lipides au niveau de sa cuticule : insuffisamment lubrifiée par le sébum, elle ne peut pas jouer efficacement son rôle de barrière contre l’évaporation de l’eau contenue dans le cheveu mais aussi de protection de sa structure interne (cortex), pouvant aller jusqu’à la dégradation des protéines de sa kératine).
– Un cheveu simplement déshydraté ne connaît habituellement pas de problème de sécheresse mais sous l’action d’un ou plusieurs facteur(s) exogènes souffrira d’une perte d’eau :
> Le soleil (comme le vent ou le froid) accélère l’évaporation de l’eau et favorise donc la déshydratation.
> Le contact avec des substances chimiques tels les agents nettoyants, les solvants, les colorations, brushing, permanentes.
Mais aussi les brossages/frottements trop intensifs, le contact répété avec l’eau (en particulier eau de mer, eau calcaire, eau chlorée)
Ces différentes agressions décapent le film hydrolipdique de la fibre et peuvent même altérer le ciment de sa cuticule, la rendant poreuse (ne lui permettant plus de retenir l’eau et menaçant sa structure interne : le cortex).
Un cheveu sec, mixte, normal ou gras peut être, à tout moment, déshydraté par des agressions extérieures.
Un cheveu déshydraté n’a donc pas forcément de problème de lubrification de sébum (à moins d’être en plus sec).
Ce phénomène est temporaire et disparaît lors de la suppression de ce facteur externe.
Comment distinguer un cheveu déshydraté d’un cheveu sec ?
Leur apparence est sensiblement la même : cheveu terne, rêche, rugueux au toucher voire cassant, perte de son élasticité, pointes fourchues, électricité statique…
En fait, c’est plus l’apparition de ce phénomène qui renseigne sur sa nature exacte : si votre cheveu ne présentait jusqu’alors aucun de ces symptômes qui surgissent subitement, vous appartenez probablement à la 2e catégorie.
Si vous avez toujours connu ce problème, sans être exposée à un facteur de sécheresse particulier, c’est que vous appartenez à la 1e catégorie.
Les cheveux bouclés (aux écailles soulevées) sont par nature secs et poreux car le sébum a du mal à s’écouler (en raison des spirales) le long de la tige capillaire et à la lubrifier (d’où les fameuses racines grasses et longueurs sèches que peuvent connaître aussi les cheveux lisses longs. Les cuirs chevelus crépus peuvent aussi souffrir d’un cuir chevelu d’apparence sèche parce que le sébum a du mal à sortir des glandes sébacées en raison de pores contractés en particulier en climat occidental pas toujours bien supporté ou encore des problèmes d’induration.
Quels sont les traitements capillaires adaptés ?
C’est ici qu’intervient la différence entre les deux types de cheveux :
> Pour un cheveu simplement déshydraté, l’idéal est tout simplement de supprimer la cause ! Si ce n’est pas possible, on recommande alors de ne pas se jeter sur les soins capillaires trop riches et gras puisque le cheveu (hormis s’il est aussi sec) a une production et un écoulement normal de son sébum. Il est conseillé de privilégier les crèmes hydratantes à base d’eau, plus légères (émulsion huile dans eau c’est à dire plus riche en eau qu’en huile, dont la liste INCI débute par Aqua ou Water) et d’agents filmogènes légers (qui restaurent la fonction barrière).
A ne pas appliquer aux racines (en particulier si elles sont grasses). A noter que l’eau n’est pas un principe actif en tant que tel, elle agit avant tout comme excipient et/ou solvant minéral chargé de véhiculer les actifs vers les zones utiles du corps et de dissoudre d’autres substances. Aucun produit ne peut apporter de l’eau aux cheveux ni à la peau et l’irriguer comme un jardin.
Misez aussi sur les soins à base d’humectants (aloe vera, glycérine, acides aminés, sorbitol…), dont les propriétés hygroscopiques aideront vos cheveux à capter l’eau et à la retenir dans la fibre (à utiliser néanmoins avec précaution car selon le climat, ils peuvent avoir l’effet inverses et déssécher). Les soins à base de céramides peuvent aussi être bénéfiques pour colmater les brèches de la cuticule si vous avez subi des traitements chimiques notamment (défrisage…).
Comme le cheveu est en général sain, il suffit aussi de couper sa partie endommagée (si son endommagement est trop important) pour voir repousser un cheveu non sec. Cet acte « radical » peut horrifier les adeptes des cheveux longs mais sachez que si la structure interne (kératine) de vos cheveux est détruite, aucun soin ni masque, aussi riche et concentré soit-il, ne pourra les « réparer » ou les « régénérer »…
> Les cheveux secs pourront utiliser, en plus, des soins plus riches à base d’émollients et d’huiles, susceptibles de pénétrer sous leurs écailles et de renforcer le ciment de leur structure interne. Les formules eau dans huile (plus riche en huile qu’en eau) sont à conseiller plutôt pour la nuit ou comme soin à rincer (masque nutritif profond). Attention néanmoins à ne pas forcer sur les corps trop gras en particulier si vous avez les cheveux fins et/ou très poreux au risque de les alourdir.
Dans les deux cas, évitez tout ce qui peut assécher les cheveux (voir ci-dessus les différents facteurs)
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En résumé et conclusion :
Cheveu sec ou cheveu déshydraté : tous deux souffrent d’un manque d’eau lié à son évaporation (d’une part par l’absence et/ou la suppression du sébum et d’autre part par l’endommagement du ciment de leur cuticule).
Seules les causes différent : dans le premier cas c’est la nature même du cheveu qui l’engendre et dans l’autre il s’agit d’un phénomène momentané lié à un facteur externe. Les solutions pour y pallier sont donc quelque peu différentes.
Un cheveu sec peut cumuler une déshydratation supplémentaire suite à une agression : c’est la double peine !
A noter que la déshydratation d’un cheveu (par analogie avec la peau) vient rarement d’un problème de déshydratation interne, à moins d’être atteint de maladies spécifiques, d’avoir erré pendant 3 jours dans le désert, ou d’avoir consommé des diurétiques en passant la journée au soleil ! La régulation interne se fait en général d’instinct : on boit plus lorsqu’il fait chaud, on transpire plus, on élimine plus aussi, et la soif nous incite encore à boire… Seuls les enfants et les personnes âgées risquent véritablement la déshydratation car ils ne peuvent pas toujours se servir une boisson tout seul ou oublient de le faire.
1 Commentaire
merci pour cet article magnifique donc le fameux mythe de balance entre nutrition et déshydratation n’existe plus pouvez vous m’expliquer d’avantage !