Dans mon précédent article, « Surveillez le pH de vos cosmétiques pour de beaux cheveux », je vous expliquais l’importance du pH dans l’apparence du cheveu. En effet le pH du cheveu et du cuir chevelu sont tous deux acides, mais une récente étude sur les shampooings indique que le pH de la fibre capillaire serait encore bien plus acide que celui du cuir chevelu.
Comme présenté dans mon précédent article, il est important que les cosmétiques utilisés pour le soin de vos cheveux respectent le pH de vos cheveux, de sorte à ce que, notamment, leurs écailles soient bien fermées et « resserrées ».
Les chiffres qui étaient connus à l’époque étaient compris entre 4 et 5.0 pour le film hydrolipidique et la kératine de la tige capillaire ainsi que pour le cuir chevelu.
Je viens de prendre connaissance d’une récente étude « The Shampoo pH can Affect the Hair: Myth or Reality? » (en VF: « Le pH du shampooing peut-il affecter les cheveux : Mythe ou Réalité« ) de 2014, réalisée au Brésil (qui compte beaucoup de chevelures naturellement bouclées malheureusement trop souvent friandes de lissages !) publiée dans l’International Journal of Trichology qui visait à analyser 123 shampooings distribués à l’échelle internationale et étudier les effets des shampooings à pH bas. Il est ressorti de leur recherche que 61.78% des shampooings avaient un pH supérieur à 5.5.
Les shampooings anti-pelliculaires ont un pH particulièrement élevé en moyenne.
Les auteurs ont rappelé dans l’étude qu’un pH alcalin augmentait la charge négative électrique à la surface de la fibre capillaire, et donc la friction entre les cheveux. Ce phénomène peut ensuite induire un endommagement de la cuticule voire de la casse. Au contraire un pH plus faible réduit l’électricité négative statique et donc les frisottis. Mais pourtant une majorité de shampooings populaires affichent des pH supérieurs à 5.
Les shampooings pour enfants sont parmi les plus élevés en raison de leur attribut « de ne pas piquer les yeux » (pH de 7). Autant dire que le shampooing peut être une véritable tornade !
Ils révèlent au passage que si le pH du cuir chevelu est bien de 5.5 (identique à celui de la peau corporelle, bien que de récent chiffres de 2006 le placent un peu en dessous de ce niveau également) comme on le savait déjà, celui de la tige capillaire serait bien inférieur et ils le chiffrent à 3.67 (point isoélectrique de la protéine de kératine pour que le cheveu atteigne une charge électrique neutre) ! Les cheveux éclaircis (par le soleil, etc.) possèdent même un pH acide encore plus bas.
Toute application d’un produit sur les cheveux avec un pH supérieur à 3.67 va dés lors augmenter la charge électrique négative dans le réseau capillaire et donc générer de l’électricité statique accompagnée d’une répulsion entre les mèches.
Ceci aggravé par le pH de l’eau qui est de 7, les cheveux s’emmêlent et les frisottis se créent alors sous l’effet de cette charge électrique négative.
L’autre méfait d’un pH alcalin est le hérissement des écailles du cheveu augmentant l’absorption d’eau dans le cheveu et donc la fragmentation de la cuticule et des fissures sur son axe.
Les cheveux abîmés ont un pH supérieur à 7.0.
En conclusion, les auteurs déplorent le fait que les fabricants n’aient pas l’obligation d’indiquer le pH de leurs produits sur leurs étiquettes, ce qui effectivement aiderait à faire un meilleur choix. Ils recommandent aussi d’appliquer un soin hydratant avec un pH bas, de sorte à ce que, outre la fonction lubrifiante, les forces électrostatiques puissent être neutralisées, et ainsi les frisottis éliminés et les écailles de la cuticule scellées.
Ils soulignent aussi le fait qu’en cas de dermite séborrhéique, les dermatos déconseillent en général l’usage d’un conditionneur de peur d’aggraver la dermite.
A noter enfin qu’un pH supérieur à 5.5, s’il peut avantager les cheveux gras et fins en leur donnant plus de volume, risque malgré tout d’irriter le cuir chevelu au passage.
Pour contrôler le pH de vos produits, vous pouvez les passer au crible des bandelettes de test pH (dont l’extrémité réactive de mesure est imbibée du produit puis dont la coloration est interprétéeà l’aide du tableau de références, après un très court laps de temps, moins d’une seconde en général) ou plus précis d’un phmètre.
NB : on ne peut tester le pH que d’une émulsion contenant de l’eau.
Autre astuce, étudier l’étiquette et les ingrédients de la liste INCI pour détecter certains ajusteurs de pH destinés à baisser ou augmenter le pH (pour un pH plus acide, repérez par exemple l’acide citrique ou lactique et méfiez-vous de l’hydroxide de sodium ou d’amonium qui alcanisent le produit).
On le voit, dans cette étude, cheveu au sens de la tige capillaire et cuir chevelu sont deux « mondes » à part, comme je le rappelle souvent sur ce blog. L’erreur est souvent de les traiter ensemble avec les mêmes produits alors qu’ils n’ont pas les mêmes besoins et exigences. En attendant la mise au point de produits qui pourront convenir aux eux à la fois, mieux vaut donc cibler l’application de vos produits sur l’un et l’autre séparément et vous n’en obtiendrez que de meilleurs résultats !
A ce sujet, si jamais vous l’avez loupé, n’hésitez pas à consulter mon article sur la meilleure position pour faire son shampooing pour ne pas dessécher ses cheveux qui vise justement à pallier à cette problématique.
Adresse pour lire l’étude complète (en anglais) :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4158629/
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