Quels sont les effets de l’eau sur le cheveu, les boucles et les frisottis ? J’ai déjà expliqué que l’eau n »hydrate pas directement les cheveux (voir articles : « L’eau, amie ou ennemie des cheveux secs ? » ; Hydratation, protéines, soins… : « 5 mythes capillaires et quelques réponses scientifiques… »). Si l’eau exerce divers effets négatifs sur le cheveu (fatigue hygrale, fragilisation, endommagement de sa kératine….), l’humidité reste toutefois intéressante pour favoriser son élasticité (ressort des boucles) et aide à modeler sa forme. Mais gare aux frisottis et au volume incontrôlé, le gonflement fouillis des boucles…. Voici quelques explications sur le mode d’action de l’eau et de l’humidité sur les cheveux:

Cheveux, humidité et frisottis : Causes et produits anti-humidité

Nos cheveux, petite mécanique complexe, abritent en leur cœur (dans le cortex), diverses liaisons qui assurent la cohésion de sa kératine.

Les ponts disulfure du cheveu lui assurent force et solidité.

Les différentes liaisons de kératine du cheveu

Petite leçon de chimie capillaire facile : Les chaînes torsadées de kératine qui constituent la structure centrale de nos cheveux, suivent l’axe du cheveu (à la verticale) et lui confèrent son élasticité. A l’horizontal ces multiples chaînes de protéines sont encastrées dans les macrofibrilles contenant les microfibrilles contenant elles-mêmes les protofibrilles (structure en « poupées russes ») ! C’est dans ces dernières que l’on trouve les trois types de liaisons qui assurent la cohésion de l’ensemble tout en donnant au cheveu sa force et sa souplesse :

– Les liaisons dites fortes : les ponts disulfure (= soufre, ils assurent la solidité du cheveu, ce qui explique que lorsqu’on les « brise » lors de traitements chimiques de type lissage, le cheveu perd sa résistance à la casse).

– Les liaisons dites faibles : les liaisons salines et d’hydrogène , facilement altérables sous la simple action de l’eau et de la chaleur ou simple pression mécanique.
Ce qui explique que lorsque vous mouillez complètement un cheveu, ces liaisons sont détruites (cheveu détendu) et se reforment quand le cheveu sèche. Cela explique aussi le fait que le cheveu est capable d’imprimer une forme donnée s’il sèche dans cette position.

Autre conséquence des cheveux mouillés : l’absorption de molécules d’eau va modifier l’organisation des liaisons de kératine qui ne seront plus scellées directement les unes autres autres. Les molécules d’eau s’infiltrent entre les molécules de protéines en rejoignant ses liaisons d’hydrogène : une molécule de kératine sera ainsi associée à une molécule hydrogène elle même accolée à une autre molécule d’hydrogène associée à une autre molécule de kératine.
Cela rend donc le cheveu plus fragile qu’une liaison de kératine directe, ce qui explique qu’il est plus prompt à casser, mouillé que sec. Le cheveu gonfle et peut absorber jusqu’à 30% de son poids en eau.

Les liaisons hydrogènes du cheveu : le facteur élasticité de nos boucles !

Maintenant que le « décor » est posé, on va s’intéresser plus particulièrement aux liaisons d’hydrogène.
Ce sont elles qui donnent au cheveu sa faculté d’être étiré puis de revenir à sa forme initiale.
Elles participent à 35% à la force du cheveu et à 50% (certains vont jusqu’à leur attribuer 99.9%) à son élasticité. Elles permettent aussi de changer temporairement sa forme avec l’aide de l’eau. Contrôlées par électrolyse, ces liaisons se rompent et se reforment les plus facilement.

Pourquoi nos cheveux bouclent, frisent en contact avec une atmosphère humide ?

Les molécules d’eau de l’air sont en fait constituées aussi d’hydrogène (H2O) : deux atomes d’hydrogène et un atome d’oxygène pour être exacte. Ces molécules d’hydrogène vont alors être absorbées dans le cortex du cheveu (en particulier si le cheveu est poreux, ce qui est le cas du cheveu bouclé) et vont venir démultiplier les liaisons faibles d’hydrogène du cheveu dans sa kératine.

En raisons de ses nombreuses liaisons d’hydrogène dans sa kératine, chaque mèche de cheveux aura tendance à se recroqueviller sur elle-même au niveau moléculaire. Sur un plan macro, le cheveu aura donc un aspect plus bouclé ou frisé voire frisottant si le cheveu se met à trop gonfler sous l’afflux d’humidité.
En revanche, les liaisons fortes (ponts disulfure) ne sont pas affectées par le niveau d’humidité dans l’air.

A l’inverse une atmosphère trop sèche peut nuire aux cheveux en réduisant le nombre de liaisons hydrogène (= moins de molécules d’eau qui s’évaporent) dans le cheveu (qui perdra de sa flexibilité) et deviendra électrique. Dans ces conditions, on peut vaporiser un peu d’eau avec un conditionneur occlusif/filmogène pour lutter contre l’évaporation d’eau.

A noter que le cheveu est surtout capable d’absorber et de retenir l’eau à un niveau moléculaire par capillarité (sous forme de vapeur d’eau, tel que présente dans l’atmosphère).